La fameuse acoustique d'Epidaure n'est qu'un son tout nu.

J'ai lu pas mal de choses sur le Théâtre d'Epidaure et en particulier sur son acoustique exceptionnelle. Récemment j'ai pu enfin juger sur pièce en le visitant. C'est un site de rêve pour le théâtre et la musique et en effet l'acoustique est remarquable, mais les raisons qui sont le plus souvent données me parraisent secondaires.

Dans wikipedia comme dans plusieurs guides on lit : "L'acoustique du théâtre d’Epidaure est exceptionnelle, elle permet aux derniers spectateurs en haut des gradins d’entendre distinctement des acteurs parlant à voix basse."

Et tous les visiteurs de faire l'expérience "ultime" de faire tomber une pièce de monnaie sur la pierre ronde au centre de la scène et d'écouter en haut des gradins. Franchement c'est un mauvais test.

Le plus important m'a parru ceci : Lorsqu'on claque dans ses mains sur la scène et qu'on écoute de n'importe où dans les gradins, il n'y a quasiement aucun echo. On est dans une situation très proche du champs libre. La raison en est tout simplement qu'aucune surface n'est placée dans une position où elle pourrait réfléchir le son émis de la scène; entre l'acteur et les oreilles du spectateur. Les sons de la scène sont émis en direct vers les oreilles et ne sont réfléchis que vers le centre de la scène, elle même, par les gradins. Par conséquent, sur la scène et surtout au centre, on récupère un retour (flutter echo) absolument terrifiant. Ce retour est vraissemblablement considérablement atténué par la présence des spectateurs lors des représentations et permet aux acteurs de juger du niveau necessaire de leur voix. Il n'existe qu'un léger echo arrière renyoyé par les arbres à une vingtaine de mètres derrière e fond de scène, audible lorsque l'acteur se retourne dos au public. Mais je ne sais pas si les arbres étaient toujours là. Du faite de la quasi absence d'écho, il n'y a qu'un seul front d'onde, peut être légèrement accentué par la réflexion proche sur le plateau de la scène, mais surtout unique.

La directivité du son est vraiment excellente et on distingue très bien des sources différentes de quelques degrés sur la scène. Ce qui de mon point de vue empirique prèche pour le fait que la directivité est meilleure en champ non réverbéré. En tout cas, j'ai toujours préféré la diffusion électroacoustique en plein air et n'aime ni l'idée d'utiliser des effets de salle en spatialisation, ni les résultats obtenus quand ils produisent l'effet de désincarnation le plus couramment entendu.

On pourrait croire qu'on entend aussi bien en haut des gradins qu'en bas ce qui est faux. L'atténuation est très progressive, on entend de mieux en mieux à mesure qu'on s'approche de la scène. Mais comme la pente et la forme semi circulaire permet de mettre le maximum de gens (14000) le plus proche possible de la scène, au dernier rang, on est à moins de 60m.

Une remarque importante est que le site est praticulièrement calme, il n'y a aucun bruit de ville, la mer est loin et le vent qui venait de la scène quand j'y étais, n'accroche pas grand chose (sauf dans les derniers rang et les arbres assez loin derrière la scène). Les oiseaux étaient du coup plutôt bruyants.

Enfin on évoque souvent le filtrage des basses fréquences, c'est en effet assez net et sans aucun doute un excellent moyen de renforcer l'intelligibilité et de réduire les nuisances du public, mais beaucoup de site en plein air produisent la même impression. Surtout quand il n'y a ni route à proximité ni plancher.

(je n'ai pas pu tester l'aténuation fréquence/distance )

En fin de compte la fameuse acoustique d'Epidaure ne serait-elle pas simplement l'absence d'effet ? Le son, tout nu.

écouter un extrait de son enregistré sur place : On entend distinctement une femme sur scène parler en anglais à un groupe de jeunes assis dans les gradins à proximité du preneur de son, ici au dernier rang, elle fait tomber une pièce de monnaie et commente ses gestes. On perçoit clairement la différence de timbre et l'abscence de résonnance, comparativement au groupe. Un peu plus tard elle tappe dans ses mains, on peut également comparer avec les claquements de mais de personnes dans les gradins puis les applaudissements.