RotationsII

Rotations II est, sans vouloir en faire un genre, une musique électroacoustique cinétique. Les sons cinétiques ont des qualités spatiales qui font que si on les enregistre et on les rediffuse en mono ou stéréo, on perd ce qui les rend remarquables. Par exemple le bruit de la cascade ou le vent dans les arbres. Il y maintes façons d’en produire. Dans cette pièce, les comportements distributifs dans l’espace sont essentiellement rythmiques. Il s’agit de jouer sur le décalage d’échantillons sonores localisés point à point sur chacune des huit voix du dispositif sans effet de salle, un son sur chaque enceinte. Les évènements sonores se désynchronisent dans le temps et l’espace puis se re-synchronisent progressivement pour lancer un nouveau jeu de rotations.
La plupart des composants de la pièce se rapportent à la notion de rotations. Rotations de phase, retard cycliques en rotation, rotation d’objets concrets…
La diffusion peut se faire soit sur 8 enceintes (8pistes) à niveau fixe soit en ajoutant à ce dispositif d’autres sources sonores mixées ou indépendantes pour permettre une meilleure interprétation de la pièce in situ. Il s’agit d’une pièce qui vise au plaisir musical. Une certaine virtuosité temporelle et spatiale y est recherchée. L’écoute suggérée serait de suivre les processus, transformations, ruptures, évolutions de la matière sonore dans sa plasticité et sa musicalité dans leur déploiement dans espace de la salle. Cette pièce est un travail personnel. Une première version a été jouée à Bourges en 2005 sous le titre de Gestes, puis reprise complètement au GRM en 2006 sous le titre de Rotations II.

COUNTBASIS

Comptages distributifs
 
Fantaisie : une musique drôle, ludique, exubérante, spectaculaire, iconoclaste, fantastique, maximaliste
 
Commande de l'IMEB 2008
Durée 19'99"
 
1ère partie
          Arco
          Harpo
          OVerMarch
          Freeland
          JamBam
  
En apparence instrumentale et même classique, il s'agit bien pourtant d'une musique électroacoustique expérimentale et sophistiquée.
Des sons d'instruments à cordes, des rythmes pulsés, des tons placés, mais aussi des polyrythmies spatialisées, une musique trop complexe pour être jouée par des instruments. Musique post répétitive, des couleurs à la façon de Steve Reich, mais les notes sont ici spatialisées, distribuées, jetées algorithmiquement dans les sorties et jouées quasiment sans effet sur les enceintes en "hard panning". Ainsi les jeux de rythmes deviennent ainsi également des jeux d'espace. Une plasticité de la matière sonore propre au travail électroacoustique. Une mécanique imaginaire.
Développements des idées musicales partant d'une apparence commune vers l'extrême étrange
 
Depuis quelques années, j'ai décidé de me consacrer à fabriquer directement les éléments ou matériaux musicaux intrinsèquement spatialisés de manière algorithmique, par des processus génératifs et des dispositifs de jeu parlant directement en octophonie puis à les composer selon les modalités classiques de la composition électroacoustique. Cette musique est la suite de ces explorations notamment développé dans ROTATIONS II, les travaux réalisés au studio Delta P en 92-95 et précédemment Espace Musical et les ouvrages dramatiques dans les années 81-90.
Cette fois les éléments sont créés à partir d'échantillons sonores instrumentaux, notamment des cordes.
Le système génératif est un compteur ou chaque digit correspond à une piste et chaque valeur à un numéro de son dans une liste.
Le compteur est incrémenté et les sons changent sur les différents hauts parleurs. Il est ainsi possible de modifier la base (binaire -> base 16) en temps réel. Ainsi en base 2, on aura 1 seul son ou aucun suc chaque enceinte, la distribution des sons sur les enceintes suivra donc la progression binaire de l'octet.
C'est la première raison du titre (Count Basis).
La deuxième qui n'aura sans doute échappée à personne est le rythme avec des réminiscences d'un jazz improbable et un hommage à peine déguisé à l'un des plus fameux inventeur du Jazz Big Band.

Musiques cinétiques

Certain sons ne sont caractérisés que par leur comportement spatial. Je les apelle des sons cinétique. De la même manière, une musique dont la particularité est d'être avant tout un jeu d'espace serait une musique cinétique. Cette approche difère de la spatialisation en ce qu'elle considère l'écriture de l'espace comme une partie fondamentale de l'œuvre.

Ma quête est celle d'une musique électroacoustique véritablement symphonique, non pas au sens des instruments, citation anecdotique, mais en termes de présence et de richesse spatiale. La question est comment composer vraiment en jouant du sens de l'espace, avec ses rythmes ses gestes, ses distributions, ses polyphonies et polyrythmies.

Ces deux œuvres sont à écouter impérativement en OCTOPHONIE :

La réduction stéréo ne rend pas compte de la musique et ne doit en aucun cas être diffusée. Le cas échéant, une écoute au casque est possible.
Dispositif de diffusion circulaire, semi-circulaire, octogonale ou frontal
Numérotation des pistes : en partant du haut parleur de gauche (L) et en tournant dans le sens de la montre. Autrement dit les pistes 1 et 2 sont devant les 3 et 4 à droite, les 5 et 6 derrière et les 7 et 8 à gauche.
Si c’est possible, il est souhaitable de rajouter un deuxième cercle de 8 haut-parleurs, dont la disposition peut également être semi circulaire ou en ligne droite, mais attention à ne pas perturber la bonne cohérence des directions des sources, car on ne l’entend pas forcément au réglage mais les résultats musicaux peuvent être désastreux. Des enceintes mix group sont également utiles, notamment pour des effets : renforcement, basses, solistes de proximités, extrèmes proches, lointains… Dans ce cas, ils peuvent fonctionner par paires stéréos à condition de conserver la cohérence des sources, c’est à dire les voies 6 7 8 et 1, sur la voix gauche et les voies 4 3 4 et 5 sur la voix droite.
Lors de la diffusion, la base octophonique (cercle 1) doit servir d’appui et reste toujours active en variant légèrement le niveau global en fonction des besoins expressifs. Cela peut suffire. Si l’on souhaite enrichir la diffusion, on peut jouer sur des bascules d’un cercle à l’autre et l’apport d’effets bien maitrisés.

Roland CAHEN