Le Jardinier MarŽchal

Fable musicale humaniste

sur le thme de la biodiversitŽ

Pour adultes ˆ partir de 5 ans

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Texte musique et voix de Roland Cahen

Ecrit, composŽ et rŽalisŽ dans les studios du Groupe de Musique ExpŽrimentale de Bourges : Juillet 1992 - Aožt 1993

DurŽe 17Ġ

Le Jardinier MarŽchal "a le rhume des foins", il dŽcide de se dŽbarrasser dŽfinitivement des mauvaises herbes ; "exterminer les graminŽes". Il oublie seulement que le blŽ et la plupart des cŽrŽales en sont. Ë la fin "il nĠy a plus rien ˆ manger, que le souffle du vent."

Sur le fond thŽmatique de la biodiversitŽ, le sujet de la fable cĠest lĠhomme dans sa diversitŽ : Celui qui par Žgo•sme, par un souci maladif de puretŽ, sĠisole, rejette, dŽtruit lĠautre, meurt affamŽ et solitaire dans un monde qui reflte son vide.

Il y a aussi une deuxime fin, lorsque MarŽchal dispara”t, le vent ZŽphir tourne ˆ la tempte. Lorsque le soleil revient, de petites pousses renaissent dans le jardin ravagŽ (ˆ la demande de Gabrielle, 4 ans).

Remerciements ˆ Justice Olsson et Serge Bouc pour leur aide ˆ la prise de son.

A PROPOS DU CONTE :

Il ne sĠagit pas un conte Žcrit, bien quĠon puisse lĠŽcrire, ce nĠest pas non plus un conte en image, bien quĠon puisse y ajouter des images, cĠest un conte en sons et en musique, pour lĠimaginaire auditif. Cela ne signifie pas pour autant quĠon ne puisse pas Žcrire sans tenir compte du son, mais ce nĠest pas pareil.

1)     Ouverture

(Vols de martins ou dĠhirondelles

stylisŽs trs aigus, aŽriens, Žvanescents)

(/µ (musique) paroles de plantes)

LĠhistoire que nous allons vous compter vous para”tra peut tre une pure fantaisie mais ne lĠoubliez pas, on ne sait jamais ce que la vie nous rŽserve.

Permettez moi tout dĠabord de vous prŽsenter quelquĠun :

//

2)     Approche du personnage en extŽrieur

    (grillons en fond + passages oiseaux)

Je mĠappelle MarŽchal

Je suis jardinier !

//

Mon dos, mon pauvre dos !

Lˆ, un pied de roseÉOuille

Deux bouquets de marguerite ocre jaune

ÉA•e mon pauvre dosÉ

É

Dix anŽmones en forme de triangle

Une pensŽe au milieu

É

ÉOufÉ

Une ligne interminable de jacinthes

Ici six coucousÉlˆ un dahlia

et puis, de nouveau

Un pied de roses

Une bordure Ïillets du pote le long du chemin

Une frise de bŽgonias rouge cramoisi en petites arches cotŽ gazon

Et a chaque extrŽmitŽ un massif de chrysanthmes

(en sĠŽloignant)

Oh la la

Encore ces foutues mauvaises herbes

Quelle saloprie

Allez hop (il fauche)

(en se rapprochant)

Eternuements

               ApartŽ complaisance (voix transformŽes intŽrieures + passages dĠoiseaux)

QuĠest ce qui mĠarrive,

JĠai tout ce quĠil me faut

Mais il y a toujours quelque chose qui ne va pas

Mon dos me fait souffrir, mes pieds enflent, mes mains sont toutes sches et jĠŽternue dĠAvril ˆ Septembre;

Lorsque tout resplendit autour de moi je reste sombre.

Je ne parviens pas ˆ tre totalement ni dŽfinitivement heureux.

               Commentaire moraliste (µ paroles de plantes)

Dans un jardin il y a ce qui est bon.

Il y a toujours un petit cabanon qui sert ˆ ranger les outils, ˆ abriter le jardinier les jours et il y a un ‰ne pour tirer la charrette

Mais il y a aussi les mauvaises herbes qui sont mauvaises comme leur nom lĠindique.

(il Žternue ˆ nouveau)

               Il se met en colre et perd son objectivitŽ

Oh lˆ

CĠest de la faute de ces maudites graminŽes :

Des mauvaises herbes qui mĠempoisonnent la vie.

(Tout bon jardinier vous le confirmera :)

Ces espces lˆ sont lĠennemi numŽro 1.

Elles envahissent et dŽvastent les plates-bandes, les chemins bordures potŽes et rocailles, ravagent les bosquets, Žtouffent les fleurs, rabattent les tiges, vampirisent les fruits, les lŽgumes et empoisonnent la vie des jardiniers.

On passe sa vie ˆ les arracher, les bcher, les traiter, les bržler, ˆ se baisser et sĠesquinter le dos.

Il faudrait les faire dispara”tre une fois pour toutes, les fleurs seraient superbes et heureuses, les chemins dŽgagŽs, les jardiniers nĠauraient plus mal au dos.

Le jardinier marŽchal qui voulait faire dispara”tre les graminŽes en appela au tribunal de fleurs.

3) Le tribunal des fleurs

La Juge La Rose  : La parole est ˆ la dŽfense : jurez vous de dire toute la vŽritŽ rien que la vŽritŽ prŽsentez vous levez la main droite et dites je le jure.

               LĠavocat ZŽphyr se prŽsente :

LĠavocat ZŽphyr : Je suis lĠavocat ZŽphyr qui mŽlange les graines des montagnes avec celles des jardins, je jure de dire toute la vŽritŽ rien que la vŽritŽ.

(plaidoirie de lĠavocat ZŽphyr)

Le jardinier MarŽchal se plaint de la nature, en a tĠil une autre ˆ proposer (rire repris par la foule)

MarŽchal ˆ le rhume des foins, il est allergique aux graminŽes (pas de quoi casser trois branches ˆ un saule) alors ils veut les exterminer pour son confort personnel et au dŽtriment de lĠhumanitŽ.

Messieurs les gŽraniums!

Votre honneur la rose

Cher parterre fleuri

LES MAUVAISES HERBES SONT BONNES ! les mauvaises herbes sont bonnes !

               Le jardinier MarŽchal demande la parole

MarŽchal : Je demande la parole.

Votre honneur la rose !

Messieurs les gŽraniums !

Et vous parterre fleuri chŽriÉ

La Juge La Rose  : Commencez par vous prŽsentez devant le tribunal des fleurs et dites je le jure.

MarŽchal : Ah oui! Je suis le MarŽchal Jardinier, je le jure, mais non, que dis-je, cĠest lĠinverse (rire dans la salle)

Ce ZŽphÉzigoto affirme que le mauvais est bon.

Il veut tromper.

En remplaant le mot Òmauvaises herbesÓ par le mot ÒbonnesÓ il veut inverser le bien et le mal et vous faire prendre le pire des crimes pour la meilleure chose du monde

JĠentends dŽjˆ ce ZÉZbre insinuer que vous, mes belles fleurs chŽries nĠexistez pas ˆ lĠŽtat naturel.

Il est vrai que sans moi vous ne seriez pasÉ,disons que jĠai un certain pouvoir sur vous et je vous conseilles de suivre mes conseils.

A mon avis un tel ZÉZŽphyr annonce lĠorageÉet comme rien nĠest pire quĠune tempte pour un jardin, je vous conseille de jeter ce ZÉzozo presto, votre honneur la rose, aux quatre vents.

(applaudissements)

La foule : quel orateur, il a raison, jetons le dehorsÉ

4) Chanson de lĠextermination

Maintenant

il faut donc

supprimer

dŽcimer

extirper

Žliminer les graminŽes

Il faut :

RŽprouver

Renvoyer

Liquider

Emporter

DŽporter

Balancer

Arracher

DŽnoncer

RŽvoquer

Elaguer

Effacer

Massacrer

Il faut

Eloigner

Rejeter

Evincer

Expulser

Repousser

Blackbouler

Balayer

Ecarter

Expurger

Annuler

Il faut

Exclure

Virer

Gazer

Tuer

Bouter

Bržler

Biffer

Chasser

Raser

Gazer

Tuer

Il faut

Expatrier

Eliminer

Eradiquer

Annihiler

Assassiner

PulvŽriser

Exterminer

Les graminŽes (Les graminŽes!)

Et le vent qui les emporte

Pour lĠempcher de nuire

Il faut donc lĠanŽantir

ce ZŽphyr que les transporte

Il faut le mettre ˆ la porte

La foule : Dehors dehors, fichez le dehors, allez ouste!

5) Bilan dĠune extermination :

Alors disparurent :

Chiendent rampant

CorynŽphore

FŽtuque ovine

CrŽtelle

Carex

Ivraie

MŽtake

Trainasse

Scolopendre

Vulpia et vulpin

Osmonde

KoŽlŽrie

Lepture

Cynodon

Brome

Brachipodes

Calamagrotis

et disparurent aussi :

MŽlique, houlque laineuse, Marisque, Dactyle, Digitaire, Doradille, Luzule, Linaigrettte, Canche, Brise, Isote, Panisse, Paturin, Puccinellie, Prle, Polygon, Plumet, SŽlaginelle, Spartine Guinche, Triste

et disparurent aussi :

Trfle, Nard, Sorgho, RŽglisse, Seigle, Roseau, Orge, Epeautre, Ma•s, Millet Avoine et BlŽ.

Alors les fleurs qui restaient se regardrent les unes les autres avec mŽfiance, puis sĠinvectivrent entre elles ; se traitant de Òlointains rejets de stolons mucronŽs ou de petites fougres cosmŽtiques reliftŽes, de stolonŽfre rŽniformes, le ligule rempante et rhizomateuse, et bein dĠautres insultes que je nĠaurai pas lĠimpudeur de rŽpŽter ˆ vos oreilles.

Elles se crŽprent les pŽtales, se dŽchirrent les feuilles, se cassrent le tiges et bient™t il ne resta plus au tribunal des fleurs que MarŽchal le Jardinier.

6) Une apocalypse de la btise Žgo•ste

On frappa ˆ la porte

CĠŽtait le petit cabanon qui rŽclamait du chaume pour son toit.

puis ce fut lĠ‰ne qui rŽclama sa folle avoine

MarŽchal aurait bien croquŽ dans un quignon de pain, mme dur, pour caler la faim qui le tenait, mais il nĠy avait plus rien ˆ manger.

Que le souffle du vent.

7) Final musical